Différent?

Hier matin, à la messe, j’ai repéré un ‘paroissien’ pas comme les autres. Vu de loin et de dos, ce jeune garçon semblait pourtant bien ordinaire, aussi ordinaire que ses deux soeurs et ses parents qui l’accompagnaient, aussi ordinaire que n’importe lequel des enfants présents, aussi ordinaire que vous ou moi…

Pourtant, je l’ai très rapidement distingué du reste de l’assistance, et ce sans avoir un sens de l’observation particulièrement développé : il chantait plus fort et plus faux que les autres, faisait de grands gestes, parlait quand il ‘fallait’ se taire, et semblait particulièrement protégé par sa famille et amicalement entouré par ses voisins.

Au moment du rite de paix, ce geste qui consiste pour les catholiques à serrer la main de ses voisins en signe de partage de la paix du Christ, je l’ai vu échanger ce signe de paix avec sa famille, ses voisins les plus proches, puis sortir de sa rangée pour aller à la rencontre de toute la partie de l’église dans laquelle nous étions, et communiquer ce geste de paix à toutes les personnes qu’il voyait, une par une, prenant son temps pour regarder chacun et lui serrer la main avec un grand sourire.

C’est à ce sourire que je l’ai distingué, avant que la vue de son visage tout entier ne me confirme ce premier sentiment.

Cet enfant est trisomique.

Et j’ai rarement vu aussi grand et aussi beau sourire.

C’est pourtant ce sourire que l’on veut assassiner. Pas directement, évidemment, puisqu’il n’est nullement question de vouloir porter physiquement atteinte aux personnes souffrant de trisomie 21, mais plus insidieusement, par le biais d’un eugénisme discret mais très efficace. Notre société, qui brandit si fièrement le drapeau du respect (voire du culte) des différences, qui se gargarise de ses combats pour l’égalité et contre les discriminations, et qui se fait un devoir de lutter en faveur de toutes les minorités oppressées (ou non), permet déjà dans le cadre du DPN de dépister la trisomie 21, dépistage qui débouche dans 96% des cas sur une interruption médicale de grossesse (IMG). La statistique parle d’elle-même… Et les récentes conclusions du rapport Léonetti, validées par l’Assemblée Nationale, vont encore plus loin, puisque ce dépistage sera désormais étendu au DPI, en plus de la recherche actuelle d’une maladie génétique héréditaire grave.

On pourra bien tenter de jouer sur les mots en prétextant que l’Etat n’organise pas directement une sélection des personnes et donc ne mène pas une politique eugéniste, mais ne fait que mettre en place un dépistage systématique et proposer une IMG pour les cas détectés :  en pratique, c’est bien l’éradication a priori de tout enfant atteint de trisomie 21 qui se profile, via la mise à disposition systématique aux futurs parents de critères subjectifs de choix pour leur futur enfant. Aujourd’hui c’est la trisomie 21, et demain?

Un si beau sourire…

EDIT : Ah oui, j’oubliais… Résoudre un problème me semble être une solution nettement plus intelligente que de vouloir supprimer celui qui porte le problème : alors pour ceux qui veulent agir et effectuer un don au profit de la recherche sur la Trisomie 21, vous pouvez soutenir la Fondation Jérôme Lejeune.

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