Humeur

Figurez-vous qu’il m’arrive de me balader innocemment sur le net, comme ça, à la recherche d’une petite information que mes éminents confrères blogueurs n’auraient pas encore relevée. Quelle ne fut pas ma surprise, sur l’excellent site de La Croix de tomber par hasard sur une dépêche AFP intitulée « L’accès à l’avortement, « un parcours du combattant » en France, même à Paris. »
 Je n’ai nullement l’intention de rédiger un billet sur le thème de l’avortement, qui nécessiterait une disponibilité que mon agenda surchargé du moment ne m’autorise clairement pas [mode « homme pressé » activé], mais de vous faire part des quelques commentaires ayant jailli dans mon esprit fatigué à la lecture rapide de cette dépêche.

Le titre tout d’abord. Bigre, fichtre, diantre, un « parcours du combattant »? L’accroche est fatale, ça y est je me suis laissé prendre… D’autant que ce « même à Paris » annonce forcément quelque chose, mais permet également de penser que Paris est perçu comme une des lumières de notre civilisation, lumière qui se voit hélas, surprise pour l’auteur de la dépêche, mise sous le boisseau. Un peu plus loin, le « parcours du combattant » est de nouveau évoqué, mais changement sémantique, il ne concerne plus exactement l' »accès à l’avortement », mais le fait de « se faire avorter ». Terminologie clairement orientée sous l’angle de la poésie.

Face à cette situation, la mairie de Paris a décidé de mettre en place un plan d’action. Bizarrement, la personne en charge de ce dossier pour la mairie est l’adjointe « chargée de l’égalité femmes-hommes » (notez bien que jusqu’ici j’avais naivement tendance à dire « hommes-femmes » et non pas « femmes-hommes », mais je m’apercois que j’étais manifestement dans l’erreur sexiste). On aurait pu imaginer un médecin, ou à défaut une personne travaillant dans le secteur de la santé, mais alors l’égalité femmes-hommes, il fallait y penser, surtout pour traiter un sujet sur l’avortement…

Le meilleur du pire arrive juste après, puisque cette adjointe dénonce « une offre de service défaillante » dans la capitale. Vous avez bien lu, une « offre de service »… J’ose espérer que la formulation est maladroite, tant elle fait froid dans le dos… Quoiqu’on puisse penser de  l’avortement, celui-ci reste un acte tout sauf anodin. Il est assez regrettable de lire ce genre de propos de la part d’une responsable politique, propos laissant à penser qu’elle assimile froidement un avortement à une activité commerciale lambda…

Tiens, pourquoi ne pas ouvrir les centres pratiquant l’avortement le dimanche tant qu’on y est, histoire d’améliorer le « service »…

6 Responses to Humeur

  1. Castafiore dit :

    C’est fort de café comme dirait l’autre …
    Oui, ce terme « offre de service », fait en effet froid dans le dos.

    Quoique à proprement parler, l’acte lui-même de l’avortement est en partie un service rendu à la personne qui se croit ou est incapable de garder l’enfant, ou qui est dans une situation délicate. L’avortement sera ainsi la résolution d’un « problème », un « service » qui soulagera la patiente.
    C’est en tout cas le message véhiculé par la société.
    Il n’est donc pas surprenant d’entendre ce terme.
    Et nombres de femmes ressentiront peut-être (du moins au début) un soulagement face à la solution qu’apporte l’avortement.
    Cette femme qui parle de « offre de service défaillant », est sûrement persuadée de son bon droit, et de la justesse de ces mots…

  2. Laloose dit :

    Tout à fait. Sans parler du developpement de l’avortement « médicamenteux » et non plus seulement « chirurgical », ce qui permettrait a priori de pouvoir pratiquer une auto-IVG chez soi.
    Fou.

  3. S1ned dit :

    Rhooo le reac alors! Tu te rends pas compte du progrès! Ça fera moins de travail pour nos médecins si lIVG se fait a domicile 🙂

  4. Castafiore dit :

    C’est complètement dément, et très dangereux.
    A la base la règlementation de l’avortement (j’ai l’impression de me tromper d’expression), a été mis en place pour éviter la multiplication de cet acte, les comportements dangereux, les charlatans, non ?
    Le nombre d’avortements par an est plus important qu’avant, donc on se demande si les médecins expliquent vraiment aux patientes quelles seront les csq physiques, et psychologiques de leur geste …
    Je ne pense pas que les français et françaises se « protègent » moins qu’avant. C’est donc bien au niveau de la médecine qu’il y a problème.
    C’est donc bien la banalisation du geste qui engendre plus d’avortements …
    Je me trompe peut être.
    Et est-ce vraiment le boulot du médecin de banaliser cet acte ?
    Et n’est-ce pas une banalisation extrêmement dangereuse que permettre de se faire avorter (acte chirurgical) avec des médicaments (acte bénin) ?

    Je ne comprends pas. Est-ce que qqun pourrait m’expliquer? Les médecins savent les conséquences néfastes de l’avortement sur la femme, pourquoi n’en parlent-ils pas? Pourquoi cette banalisation ? A quoi cela sert-il, à part à abuser de la confiance des patients ?
    J’imagine la femme, seule, non prévenue des dangers et des conséquences de son avortement, ingurgitant ces médocs … Triste. Et inquiétant.

  5. Oscar dit :

    C’est très bien dit.

  6. DOC dit :

    La vraie question est la suivante:si la détresse objective justifie l’intervention en urgence de la collectivité, à titre gratuit pour le bénéficiaire de ce « service »,pourquoi y-a-t-il tant de jeunes SDF,tant de sans emploi, tant d’étrangers en souffrance ??? Est-il donc plus facile, sous nos cieux,plus urgent aussi, de supprimer des vies ?

Répondre à DOC Annuler la réponse.